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Derrière "In the mood for Love" – Tête-bêche de Liu Yichang

Tang Loaec

Derrière le cultissime « In the mood for love”, un livre, un auteur, sont crédités d’avoir inspiré le cinéaste et plus probablement, toute l’œuvre de Wong Kar Wai et toute sa vision de ce Hong-Kong interprété par la nostalgie de l’exil des Shanghaiens qui l’on en parti bâtit.


Ce livre s’appelle Tête-bêche, un terme qui résume les parcours parallèles de ses deux protagonistes, qui vivent dans cette même ville pour sans cesse passer l’un à côté de l’autre. Dans les mêmes rues où ils assistent aux mêmes faits divers, rapprochés par le hasard du trottoir ou d’une salle obscure, le chaos de la ville se déploie avec sa folie propre, ce mouvement perpétuel qui est la marque de la termitière qu’était déjà Hong-Kong dans les années 1960.

Liu Yichang. Tête-bêche. Editions Picquier
Liu Yichang. Tête-bêche. Editions Picquier

L’auteur, Liu Yichang, est originaire de Shanghai, où il avait commencé à écrire depuis 1936 lorsque, comme tant d’autres écrivains ou pas, la tourmente l’a chassé vers Hong-Kong, en 1948 en ce qui le concerne. Fondateur d’une revue littéraire dans sa nouvelle ville, président de l’Association des Ecrivains, son écriture est imprégnée tant de sa ville d’élection que de celle de ses origines. 


Tête-bêche reflète cette double dimension. Parallèles et en sens opposés, sont les trajectoires des deux personnages qui permettent à Liu Yichang de déployer toute la schizophrénie de Hong-Kong.

La jeune fille ne rêve que de devenir une star, sans qu’on puisse lui en croire la première chance, et ne regarde que les visages des acteurs masculins sur les affiche de cinéma, en rêvant qu’elle trouvera un jour son homme au physique et au statut de tête d’affiche « …bel homme, un peu genre Deng Guangrong, un peu genre Bruce Lee, un peu genre Di Long, genre Alain Delon. »Dans la jungle urbaine, son horizon est bouché par ses rêves, et sur les couvertures de magazines qui forment son univers, elle remplace toujours la chanteuse ou l’actrice par sa propre image.


L’homme lui, comme l’auteur (ou comme Wong Kar Wai et tous les personnages qui peuplent ses films), navigue au long cours dans la nostalgie de sa mémoire d’avant, du temps du Shanghai révolu ou de celui de son arrivée à Hong-Kong.


Liu Yichang se passe entièrement d’intrigue et avec un pinceau sobre et une voix novatrice lorsque le livre fut pour la première fois publié à Hong-Kong en 1972, fait naître un univers kaléidoscopique. A la fois fragmenté et redondant, prisme d’une ville éclatée où les gens se croisent et s’ignorent malgré des obsessions communes : l’immobilier pour faire face à la pression humaine, la richesse comme chemin unique de salut, la montée de l’insécurité.


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La Revue littéraire de Shanghai et d'Orient : ISSN 3074-9832   

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